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Les troisièmes rencontrent Catherine Menzel, une survivante de la Seconde Guerre Mondiale

Par SIMON BENOIT-GUYOD, publié le mardi 19 mars 2024 17:45 - Mis à jour le jeudi 21 mars 2024 17:35
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Le 6 février 2024, pendant un heure, une quarantaine d'élèves ont eu la chance de rencontrer une survivante de 1939-1945. Cette dame se nomme Catherine Menzel. Elle est âgée de 87 ans.

Catherine Menzel est née à Paris de deux parents allemands et avait 3 ans au début de la guerre. Elle a commencé son entretien avec les élèves en nous disant : "Nous ne sommes pas des arbres, nous ne sommes pas des fleurs, nous sommes des êtres humains avec une histoire" avant d'ajouter qu'elle a assez peu de souvenirs directs du conflit car elle était âgée de trois ans quand ce dernier débuta.

Elle nous a expliqué que ses parents s'étaient rencontrés en Allemagne. Ils étaient tous deux communistes et sa mère était juive issue d’une famille très religieuse. Puis elle continua en disant: "Quand mes parents ont appris la victoire des Soviétiques à Stalingrad, ils ont poussé un soupir de soulagement, c’était le début de la fin". C'est quand ils entendirent parler de la Shoah (le procédé d’extermination totale des Juifs par les Nazis) qu'ils ont fuit l’Allemagne et ont trouvé refuge à Paris. C'est dans la capitale français qu'ils ont donné naissance à Catherine quelques temps plus tard.

Fuir vers la France

Elle grandit sereinement jusqu’à l’âge de trois ans. La guerre éclata pendant des vacances de la famille à Grenoble. Peu de temps après le début du conflit, et suite à une dénonciation, son père fut arrêté par la Gestapo (la police politique allemande). Il fût donc contraint de s’engager dans l’armée étrangère allemande. Catherine, sa mère et sa sœur furent dans l'obligation d'aller s’installer dans une ferme du petit village de Pibrac où sa mère, une jeune fille de bonne famille, du apprendre les travaux fermiers. Catherine et sa soeur tentèrent de mener une vie aussi normale que possible et fréquentèrent à l’école du village qui était en classe entière. Ses parents faisaient souvent des actes de résistances comme par exemple héberger des résistants à la ferme. C’est cet acte de bravoure qui entraina la déportation de sa mère et de sa sœur.

La déportation de sa famille

"Mes parents ont été arrêtés car la Gestapo a torturé un résistant que nous avions hébergé et qui a parlé. Suite à un incident avec un officier allemand, qui se trouvait être assez rustre, ma mère fut déportée comme tant d’autres dans le convoi 77. Elle fût gazée avec ma sœur quelques jours plus tard. Quand nous avons appris la nouvelle, je me suis faite baptiser pour être protéger au cas où l’histoire se reproduirait mais je n’ai jamais cru en Dieu", confit la survivante. "S'il y avait un dieu, il n’aurait pas permis toutes ces horreurs, autant celles de la guerre que les atrocités actuelles," ajoute-elle .

Ne pas reproduire l'histoire

"Après la guerre, je me suis engagée dans de nombreuses associations. Il existe par exemple une association allemande qui rend hommage aux juifs déportés en mettant devant leurs anciennes habitations des « plaques ».Enfin elle nous apprit qu’elle n’en a jamais voulu aux « bons Allemands » mais qu'elle se demandait comment un peuple aussi développé avait pu regarder sans rien dire. Elle conclut en nous disant qu’il faut tirer des leçons de l’histoire. "Il ne faut pas rejeter l’étranger, l’étranger c’est ce qui nous fait avancer," dit-elle en guise de conclusion à cet entretien particulièrement enrichissant.

Article par Clémence F.